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Myshelf

Fête du Travail

28 Juillet 2015, 04:48am

Publié par Narcipat

 

 

FÊTE DU TRAVAIL

----------------------------

 

Il y a au moins un exemplaire de toutes choses à New York, de sorte qu’il ne me surprit pas du tout de faire la rencontre d’un gars de trente et quelque, aux cheveux longs, en jean et T-shirt, qui descendait silencieusement Broadway au milieu de la foule matinale des en-retard-pour-le-boulot, en brandissant un grand carton, porteur un message manuscrit. Néanmoins, je remarquai que même des New-Yorkais blasés grimaçaient sous l’impact du message que leur envoyait ce carton sur le chemin du turbin :

Consommez

Regardez la télé

Taisez-vous

Bossez

Crevez

Aille. Mais plutôt que de grimacer, pourquoi ne pas revenir sur le numéro trois? Nous continuerons de consommer, de regarder la télé, de bosser et de crever, mais nous n’avons pas à nous taire pendant que les pouvoirs en place tranchent et taillent dans les revenus et la sécurité de la majorité des gens ordinaires, réduisent nos soins de santé et nos retraites, lésinent sur la sécurité du travail, et en fin de compte démolissent complètement la classe moyenne.

Nous n’avons pas besoin de cette guerre de classes. L’Amérique ne souffre pas – tout baigne dans l’huile! Notre économie produit plus de fortune que jamais; la productivité du travailleur est la plus élevée du monde; les profits des entreprises et le cours des actions atteignent des niveaux étonnamment hauts; la paie des chefs est un encombrement de richesses. Et cependant 80% d’entre nous s’en tirent à peine, et voient se fermer de plus en plus de leurs opportunités.

Même un chien connaît la différence entre trébucher et prendre un coup de pied.

Ce qu’ont véritablement démoli les élites économiques de l’Amérique, c’est la puissante idée américaine que nous sommes tous là-dedans ensemble – que si nous travaillons dur, si nous sommes loyaux et créatifs, si nous aidons à faire monter la marée, nous partagerons les gains. Tel est le “contrat social” qui nous unit, non seulement en tant qu’économie, mais en tant que société.

Gardez en tête que ce contrat ne nous a pas été “accordé” : nous l’avons exigé, nous nous sommes battus pour lui, nous avons donné notre sang et nos vies pour lui… et nous l’avons gagné. La semaine de quarante heures, les heures sup payées, la simple idée d’un salaire minimum, la négociation collective, la sécurité sociale, Medicare et Medicaid, les retraites, et tout le reste, que tant de ménages tiennent pour acquis depuis si longtemps, nous est venu contre les vœux et une résistance très âpre des puissants.

Même la Fête du Travail. Les écoles ne l’enseignent pas, et les livres d’histoire l’ignorent, mais la simple obtention d’un jour de congé pour les travailleurs  a exigé une lutte épique. Pour la plupart des gens, la Fête du Travail est juste une occasion d’aller à la piscine ou au supermarché, d’allumer le barbecue pour un grill vespéral, de soulever des bocks de 300 grammes toute la journée pour garder la forme, et peut-être de porter un toast aux patrons pour ce congé.

Un toast aux patrons? Mon cher Joe Hill, les patrons ne t’ont pas donné ce congé! Seigneur, ils se sont presque étranglés avec leur whisky de luxe et ont manqué avaler leurs gros cigares à la simple idée qu’un congé pourrait célébrer le principe que les travailleurs créent la richesse.

Bien au contraire, la Fête du Travail fut une création venue de la base, le premier jour de vacances national qui ait été mis dans le calendrier par des gens ordinaires. L’intrépide Matt Mc Guire, du Syndicat des charpentiers de New York, fut celui qui proposa que le 5 septembre 1882, tous les syndicats des environs fassent une “démonstration publique de force organisée”. Qui n’avait rien à voir avec un jour à la plage, d’ailleurs. Les gens travaillaient douze heures par jour, six jours par semaine, pour un salaire journalier de 2 dollars, et ce défilé de syndiqués était un coup de semonce à l’adresse des magnats de l’Âge d’Or, une déclaration de guerre à outrance pour la journée de huit heures à salaire équitable. En guise de soutien à la proposition de McGuire, le Comité Central du Travail de New York décida unilatéralement que le 5 septembre 1882 serait un jour férié, et appela les travailleurs à marcher droit vers le cœur de la cité, et au delà, dans cette lutte pour l’équité. « Nous entrons dans un combat pour recouvrer les droits des travailleurs et pour assurer dorénavant aux producteurs les fruits de leur labeur », claironna leur appel aux armes officiel.

Et ils vinrent. Défiant les patrons, risquant à la fois leur emploi et leur sécurité personnelle, des milliers de maçons, de dockers, de bijoutiers, de charpentiers, de typos, de rouleurs de cigares, et autres, marchèrent en rang, fanfares beuglantes, bannières déployées, et proclamant une sauvage fierté à chacun de leur pas. De l’Hôtel de Ville, ils remontèrent Broadway jusqu’au square de l’Union, à 4000 qu’ils étaient, puis ils traversèrent la 17ème rue jusqu’à la 5ème avenue, et tournèrent vers le nord. C’était un spectacle difficile à imaginer : rang après rang de manœuvres à 2 dollars par jour, six de front, remontant d’un pas ferme ce qui était alors le plus ostentatoire corridor d’opulence et de pouvoir de l’Amérique. Le journaliste Richard Hunt a décrit cette scène : “Ils passèrent la maison Auguste Belmont; ils traînèrent les pieds devant l’hôtel Brunswick, temple de la mode; devant le restaurant Delmonico; devant l’élégant Club de l’Union League, tout neuf; et devant le manoir de Vincent Astor. Mme Astor – avec de nombreux voisins millionnaires – passait la saison à Newport. Néanmoins, si la conscience du capitalisme n’était pas pénétrée, son quartier, lui, l’était.”

L’esprit de ce jour était si puissant, et la marche fut un succès si ronflant que le Comité du Travail de New York résolut de chômer le premier lundi de chaque mois de septembre en tant que “Fête du Travail”; les patrons protestèrent contre cette usurpation d’autorité et l’interdirent, des éditorialistes la vitupérèrent comme un défilé de voyous, des politiciens la dénoncèrent comme une manifestation d’anarchie et d’ingratitude flagrante à l’égard des employeurs. Et néanmoins la classe ouvrière passa outre. En une douzaine d’années, les travailleurs de vingt-cinq états s’étaient approprié ce jour comme leur, en usant comme d’un symbole de leur détermination à obtenir un meilleur partage de leur propre productivité. En 1894, la force du mouvement était telle que la Fête du Travail fut entérinée par un acte du Congrès et consacrée comme loi par Grover Cleveland. Le peuple avait conquis son jour de congé.

Un siècle plus tard, les pouvoirs en place veulent de nouveau nous refuser les profits de notre productivité. Ils ont amassé tant d’argent et de pouvoir dans notre société qu’ils se sentent à présent libres de découpler leurs fortunes du bien-être de tous les autres, jetant bas toute la structure des opportunités de la classe moyenne que nous, Américains, avons construite depuis l’époque des barons brigands – une structure sur laquelle notre société même est bâtie.

Que mettent-ils à la place? Ils substituent à notre contrat social durement gagné une éthique de l’entreprise : « J’ai obtenu le mien, à vous d’obtenir le vôtre », « Ne donnez jamais de traitement équitable à un minable », « Caveat emptor [1] », « Je suis riche et pas vous », « Adios, imbécile ». Et plus pernicieusement encore ils nous disent que nous n’avons aucune importance dans leur plus-nouveau et  plus-meilleur des mondes économiques. Par parole ou par action, ils proclament :

 

« On peut vous mettre en concurrence avec les salaires du Tiers-Monde, vous réduire au statut de travailleur intérimaire et à temps partiel, obliger votre famille à prendre deux ou trois emplois pour gagner moins qu’un seul salarié auparavant, et vous traiter comme jetable – parce que vous ne comptez pas. »

« On peut vous refuser la couverture santé, piller votre retraite, rendre inaccessible à vous et à vos enfants le prix de l’éducation et de l’immobilier, et faire des errants de vous et de votre famille – parce que vous ne comptez pas. »

« On peut baisser le salaire minimum, vous forcer à travailler soixante heures par semaine, supprimer les heures supplémentaires, faire une mascarade de la négociation collective, et même vous retirer la Fête du Travail si on veut – parce que vous ne comptez pas. »

 

Ce “vous” n’inclut pas seulement vous, l’ouvrier peu qualifié, mais également vous, le technicien hautement qualifié, le programmateur formé à l’université, l’enseignant, l’ingénieur, l’architecte, le cadre moyen… vous, la classe moyenne tout entière.

On dit qu’il y aura toujours des riches et des pauvres. Peut-être, mais mais il n’est assuré nulle part et en nul temps qu’il y aura toujours une classe moyenne. Bien au contraire, une classe moyenne se crée seulement suite à d’âpres luttes menées par les gens eux-mêmes, organisant, communiquant, s’associant, se rassemblant, exigeant, faisant grève, marchant, combattant, s’agitant, et prenant sur eux toutes les activités subversives qui ont été requises dans toute notre histoire pour que les gens ordinaires obtiennent quelque chose – et le gardent.

Les pouvoirs en place ne veulent pas qu’on pense de la sorte. Taisez-vous! Mais comme il advient périodiquement dans notre pays (années 1830, 1880, 1920), les riches, dans les années 90, ne deviennent pas seulement plus riches, ils deviennent ridicules, et il nous faut lutter pour notre liberté économique. Ce ne sera pas fait pour nous, mais seulement par nous.

De temps en temps, je me suis fait sauter dessus par certains apologistes du statu quo, hurlant et crachant, qui voulaient savoir : « Mais qu’est-ce que vous voulez, à la fin? » Bonne question. Je veux ce dont les travailleurs ont si longtemps manqué :

 

Plus d’écoles et moins de prisons.

Plus de livres et moins d’arsenaux.

Plus de travail permanent et moins de crime.

Plus de loisirs et moins de rapacité.

Plus de justice et moins de vengeance.

En fait, plus de chances de cultiver nos meilleures qualités.

 

Cette liste est empruntée à un discours de Samuel Gompers, président fondateur de la Fédération Américaine du Travail, en 1893.


[1] « Que l’acheteur se méfie. » (latin)

FÊTE DU TRAVAIL

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Il y a au moins un exemplaire de toutes choses à New York, de sorte qu’il ne me surprit pas du tout de faire la rencontre d’un gars de trente et quelque, aux cheveux longs, en jean et T-shirt, qui descendait silencieusement Broadway au milieu de la foule matinale des en-retard-pour-le-boulot, en brandissant un grand carton, porteur un message manuscrit. Néanmoins, je remarquai que même des New-Yorkais blasés grimaçaient sous l’impact du message que leur envoyait ce carton sur le chemin du turbin :

Consommez

Regardez la télé

Taisez-vous

Bossez

Crevez

Aille. Mais plutôt que de grimacer, pourquoi ne pas revenir sur le numéro trois? Nous continuerons de consommer, de regarder la télé, de bosser et de crever, mais nous n’avons pas à nous taire pendant que les pouvoirs en place tranchent et taillent dans les revenus et la sécurité de la majorité des gens ordinaires, réduisent nos soins de santé et nos retraites, lésinent sur la sécurité du travail, et en fin de compte démolissent complètement la classe moyenne.

Nous n’avons pas besoin de cette guerre de classes. L’Amérique ne souffre pas – tout baigne dans l’huile! Notre économie produit plus de fortune que jamais; la productivité du travailleur est la plus élevée du monde; les profits des entreprises et le cours des actions atteignent des niveaux étonnamment hauts; la paie des chefs est un encombrement de richesses. Et cependant 80% d’entre nous s’en tirent à peine, et voient se fermer de plus en plus de leurs opportunités.

Même un chien connaît la différence entre trébucher et prendre un coup de pied.

Ce qu’ont véritablement démoli les élites économiques de l’Amérique, c’est la puissante idée américaine que nous sommes tous là-dedans ensemble – que si nous travaillons dur, si nous sommes loyaux et créatifs, si nous aidons à faire monter la marée, nous partagerons les gains. Tel est le “contrat social” qui nous unit, non seulement en tant qu’économie, mais en tant que société.

Gardez en tête que ce contrat ne nous a pas été “accordé” : nous l’avons exigé, nous nous sommes battus pour lui, nous avons donné notre sang et nos vies pour lui… et nous l’avons gagné. La semaine de quarante heures, les heures sup payées, la simple idée d’un salaire minimum, la négociation collective, la sécurité sociale, Medicare et Medicaid, les retraites, et tout le reste, que tant de ménages tiennent pour acquis depuis si longtemps, nous est venu contre les vœux et une résistance très âpre des puissants.

Même la Fête du Travail. Les écoles ne l’enseignent pas, et les livres d’histoire l’ignorent, mais la simple obtention d’un jour de congé pour les travailleurs  a exigé une lutte épique. Pour la plupart des gens, la Fête du Travail est juste une occasion d’aller à la piscine ou au supermarché, d’allumer le barbecue pour un grill vespéral, de soulever des bocks de 300 grammes toute la journée pour garder la forme, et peut-être de porter un toast aux patrons pour ce congé.

Un toast aux patrons? Mon cher Joe Hill, les patrons ne t’ont pas donné ce congé! Seigneur, ils se sont presque étranglés avec leur whisky de luxe et ont manqué avaler leurs gros cigares à la simple idée qu’un congé pourrait célébrer le principe que les travailleurs créent la richesse.

Bien au contraire, la Fête du Travail fut une création venue de la base, le premier jour de vacances national qui ait été mis dans le calendrier par des gens ordinaires. L’intrépide Matt Mc Guire, du Syndicat des charpentiers de New York, fut celui qui proposa que le 5 septembre 1882, tous les syndicats des environs fassent une “démonstration publique de force organisée”. Qui n’avait rien à voir avec un jour à la plage, d’ailleurs. Les gens travaillaient douze heures par jour, six jours par semaine, pour un salaire journalier de 2 dollars, et ce défilé de syndiqués était un coup de semonce à l’adresse des magnats de l’Âge d’Or, une déclaration de guerre à outrance pour la journée de huit heures à salaire équitable. En guise de soutien à la proposition de McGuire, le Comité Central du Travail de New York décida unilatéralement que le 5 septembre 1882 serait un jour férié, et appela les travailleurs à marcher droit vers le cœur de la cité, et au delà, dans cette lutte pour l’équité. « Nous entrons dans un combat pour recouvrer les droits des travailleurs et pour assurer dorénavant aux producteurs les fruits de leur labeur », claironna leur appel aux armes officiel.

Et ils vinrent. Défiant les patrons, risquant à la fois leur emploi et leur sécurité personnelle, des milliers de maçons, de dockers, de bijoutiers, de charpentiers, de typos, de rouleurs de cigares, et autres, marchèrent en rang, fanfares beuglantes, bannières déployées, et proclamant une sauvage fierté à chacun de leur pas. De l’Hôtel de Ville, ils remontèrent Broadway jusqu’au square de l’Union, à 4000 qu’ils étaient, puis ils traversèrent la 17ème rue jusqu’à la 5ème avenue, et tournèrent vers le nord. C’était un spectacle difficile à imaginer : rang après rang de manœuvres à 2 dollars par jour, six de front, remontant d’un pas ferme ce qui était alors le plus ostentatoire corridor d’opulence et de pouvoir de l’Amérique. Le journaliste Richard Hunt a décrit cette scène : “Ils passèrent la maison Auguste Belmont; ils traînèrent les pieds devant l’hôtel Brunswick, temple de la mode; devant le restaurant Delmonico; devant l’élégant Club de l’Union League, tout neuf; et devant le manoir de Vincent Astor. Mme Astor – avec de nombreux voisins millionnaires – passait la saison à Newport. Néanmoins, si la conscience du capitalisme n’était pas pénétrée, son quartier, lui, l’était.”

L’esprit de ce jour était si puissant, et la marche fut un succès si ronflant que le Comité du Travail de New York résolut de chômer le premier lundi de chaque mois de septembre en tant que “Fête du Travail”; les patrons protestèrent contre cette usurpation d’autorité et l’interdirent, des éditorialistes la vitupérèrent comme un défilé de voyous, des politiciens la dénoncèrent comme une manifestation d’anarchie et d’ingratitude flagrante à l’égard des employeurs. Et néanmoins la classe ouvrière passa outre. En une douzaine d’années, les travailleurs de vingt-cinq états s’étaient approprié ce jour comme leur, en usant comme d’un symbole de leur détermination à obtenir un meilleur partage de leur propre productivité. En 1894, la force du mouvement était telle que la Fête du Travail fut entérinée par un acte du Congrès et consacrée comme loi par Grover Cleveland. Le peuple avait conquis son jour de congé.

Un siècle plus tard, les pouvoirs en place veulent de nouveau nous refuser les profits de notre productivité. Ils ont amassé tant d’argent et de pouvoir dans notre société qu’ils se sentent à présent libres de découpler leurs fortunes du bien-être de tous les autres, jetant bas toute la structure des opportunités de la classe moyenne que nous, Américains, avons construite depuis l’époque des barons brigands – une structure sur laquelle notre société même est bâtie.

Que mettent-ils à la place? Ils substituent à notre contrat social durement gagné une éthique de l’entreprise : « J’ai obtenu le mien, à vous d’obtenir le vôtre », « Ne donnez jamais de traitement équitable à un minable », « Caveat emptor [1] », « Je suis riche et pas vous », « Adios, imbécile ». Et plus pernicieusement encore ils nous disent que nous n’avons aucune importance dans leur plus-nouveau et  plus-meilleur des mondes économiques. Par parole ou par action, ils proclament :

 

« On peut vous mettre en concurrence avec les salaires du Tiers-Monde, vous réduire au statut de travailleur intérimaire et à temps partiel, obliger votre famille à prendre deux ou trois emplois pour gagner moins qu’un seul salarié auparavant, et vous traiter comme jetable – parce que vous ne comptez pas. »

« On peut vous refuser la couverture santé, piller votre retraite, rendre inaccessible à vous et à vos enfants le prix de l’éducation et de l’immobilier, et faire des errants de vous et de votre famille – parce que vous ne comptez pas. »

« On peut baisser le salaire minimum, vous forcer à travailler soixante heures par semaine, supprimer les heures supplémentaires, faire une mascarade de la négociation collective, et même vous retirer la Fête du Travail si on veut – parce que vous ne comptez pas. »

 

Ce “vous” n’inclut pas seulement vous, l’ouvrier peu qualifié, mais également vous, le technicien hautement qualifié, le programmateur formé à l’université, l’enseignant, l’ingénieur, l’architecte, le cadre moyen… vous, la classe moyenne tout entière.

On dit qu’il y aura toujours des riches et des pauvres. Peut-être, mais mais il n’est assuré nulle part et en nul temps qu’il y aura toujours une classe moyenne. Bien au contraire, une classe moyenne se crée seulement suite à d’âpres luttes menées par les gens eux-mêmes, organisant, communiquant, s’associant, se rassemblant, exigeant, faisant grève, marchant, combattant, s’agitant, et prenant sur eux toutes les activités subversives qui ont été requises dans toute notre histoire pour que les gens ordinaires obtiennent quelque chose – et le gardent.

Les pouvoirs en place ne veulent pas qu’on pense de la sorte. Taisez-vous! Mais comme il advient périodiquement dans notre pays (années 1830, 1880, 1920), les riches, dans les années 90, ne deviennent pas seulement plus riches, ils deviennent ridicules, et il nous faut lutter pour notre liberté économique. Ce ne sera pas fait pour nous, mais seulement par nous.

De temps en temps, je me suis fait sauter dessus par certains apologistes du statu quo, hurlant et crachant, qui voulaient savoir : « Mais qu’est-ce que vous voulez, à la fin? » Bonne question. Je veux ce dont les travailleurs ont si longtemps manqué :

 

Plus d’écoles et moins de prisons.

Plus de livres et moins d’arsenaux.

Plus de travail permanent et moins de crime.

Plus de loisirs et moins de rapacité.

Plus de justice et moins de vengeance.

En fait, plus de chances de cultiver nos meilleures qualités.

 

Cette liste est empruntée à un discours de Samuel Gompers, président fondateur de la Fédération Américaine du Travail, en 1893.


[1] « Que l’acheteur se méfie. » (latin)

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